Ah, « l’espion » Song peut rentrer en Europe maintenant ?


« Pour l’Office des étrangers, vous êtes jugé dangereux par la Sureté nationale ? Donc vous êtes dangereux ! » Maître Hardy

 

 

 

 

 

 

 

Vous vous rappelez, octobre 2019, ce directeur de l’institut Confucius de la VUB subitement interdit de séjour dans 26 pays européens par l’Office des étrangers ? La presse avait parlé de soupçons d’espionnage de la part de la Sûreté de l’Etat ! Mais cette même presse tapageuse ne parle pas aujourd’hui de l’annulation de cette décision à l’encontre du professeur Song Xinning, — décision jugée au finale illégale et qui ne reposait sur aucune preuve tangible. Quelques questions à son avocat, Maître Julien Hardy.

 

 

  

LHCH : Song Xining, l’ex-directeur de l’institut Confucius de la VUB, avait quitté la Belgique, en juin 2019, pour passer l’été en Chine. Son contrat était alors terminé puisqu’il avait atteint l’âge de la retraite selon le système chinois. Mais M. Song est un acteur incontournable dans le domaine des relations Europe-Chine. Il est, notamment, l’un des deux Chinois à avoir été reçu au programme Jean Monnet de la Commission Européenne en 2010. Il est président ou vice-président de multiples institutions célébrant les liens entre l’Europe et la Chine ici à Bruxelles… En fin juillet 2019, alors  qu’il demande un visa pour la Belgique, M. Song reçoit une lettre de l’Office des Etrangers lui interdisant l’accès à l’espace Schengen pendant 8 ans ! Il devait rejoindre l’Europe pour donner plusieurs  conférences. Comment s’est passé votre rencontre ?

Julien Hardy : M. Song m’a contacté pour le défendre face à cette décision incompréhensible à ses yeux. Il connaissait mon expertise dans ce domaine puisque je traite beaucoup de questions liées aux expulsions et aux droits des citoyens étrangers en Belgique.

LHCH : La presse belge, diffusant beaucoup d’informations de type « China Bashing », avait titré «soupçons d’espionnage à l’encontre d’un directeur de Confucius… ». D’où venaient ces « soupçons » ? De la Sureté de l’État ?

J.H : La Sureté de l’État surveille les Instituts Confucius. Elle se méfie des échanges académiques. Mais dans le dossier de l’Office des étrangers, il n’y avait rien de concret pour cette question d’espionnage.

LHCH: On parle d’une influence de l’ambassade américaine sur la Sureté de l’État dans cette affaire. C’est bien la Sureté de l’État qui a informé l’Office des étrangers.

J.H: La Sureté informe l’Office des étrangers en cas de méfiance vis-à-vis des agissements d’un citoyen étranger en Belgique. Pour cette mission, elle peut travailler en collaboration avec d’autres services de renseignement. Il y a-t-il eu intervention de l’ambassade américaine ici ? C’est possible, mais rien dans le dossier ne l’indiquait.

LHCH: Peut-on parler d’une diffamation qui aurait conduit à la fermeture des Instituts Confucius de l’ULB et de la VUB pour la fin juin 2020 ?

J.H: Je ne parlerais de « diffamation » à visée pénale, politique ou autre. Malheureusement, pour l’Office des étrangers, la réflexion se limite souvent à « On me dit que vous êtes dangereux ? Donc vous êtes dangereux ! ». Pour ce qui est de la presse belge, ce genre d’opinion sans nuance et sans véritables informations est très regrettable ; mais de toutes façons,  le professeur Song ne tient pas à ternir ses relations avec la Belgique en déposant une plainte pour diffamation.

LHCH : Quelle a été votre ligne de défense pour cette affaire Song, au demeurant très floue ?

J.H: Il y avait d’une part des questions de contentieux très techniques, et d’autres part des contestations relatives aux accusations dont mon client fait l’objet, que rien de concret ne démontre. C’est un succès car la décision de l’Office des étrangers est annulée. Mon client est à présent libre de postuler à nouveau pour l’obtention d’un visa dans l’espace Schengen.

LHCH : Peut-on parler d’une décision « illégale » de l’Office des étrangers dans l’affaire Song ?

J.H: Oui, totalement illégale, comme nous le soutenions dans notre requête. C’est pour cela que les Juges l’ont annulée. Ils ont suivi notre premier argument. La prise de décision, pourtant lourde de conséquences, n’a pas été faite dans le respect de la loi. Son annulation implique que juridiquement, elle est censée n’avoir jamais existé.

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